Motif de tissage pour jeté de canapé, (sans titre),

vers 1925

La collection d’arts décoratifs acquiert en 1964 ce lot de tissus en possession de Gunta Stölzl, qui est emblématique de son travail sur la spécificité de la création textile dans l’atelier de tissage de Dessau. Les tissus doivent leur charme à sa manière de croiser des fils très différents dans des contrastes de matériaux captivants, brillants ou mats, réfléchissant la lumière ou sourds. L’utilisation de nouvelles fibres, à l’instar de la soie artificielle (viscose), du fil glacé (toile de coton paraffinée) ou de bandelettes de cellophane débouche sur des inventions techniques dans le domaine des tissus d’ameublement. Gunta Stölzl parvient à associer les propriétés du tissage telles que résistance à la déchirure ou à l’abrasion à une esthétique équilibrée des formes et des couleurs. Lorsqu’elle émigre en Suisse en 1931, elle importe ses découvertes dans l’entreprise qu’elle y a déjà créée, S-P-H-Stoffe (Stölzl-Preiswerk-Hürlimann), spécialisée dans le tissage à la main. Elle la dirige seule à partir de 1937 sous le nom de Handweberei Flora. Si la tisserande a créé pendant ses années au Bauhaus des modèles destinés à l’industrie et à la production mécanique, le métier à tisser ne lui laisse finalement pas d’autre choix que « de continuer à développer une idée, d’expérimentation en expérimentation ». Pendant trois décennies, elle vend ainsi à Zurich ses étoffes et tapisseries tissées à la main, qui sont exposées entre autres lors de l’Exposition nationale suisse de 1939. (Franziska Müller-Reissmann)